Une horreur. A chaque fois c'était la même chose. Pourtant il aurait pu prévoir le temps pour ce déplacement, mais à chaque fois une nouvelle tâche était venue s'accumuler sur son bureau le poussant à remettre son voyage à plus tard. Et le résultat était là : il n'avait pas pu faire la route en marchant et avait été obligé d'emprunter un de ces carosses maudits pour pouvoir gagner la Bourgogne dans les temps annoncés.
Secoué à l'intérieur de la voiture tirée par deux chevaux et conduite par un cocher, l'évêque d'Orléans avait le visage de couleur verte. Son déjeuner du midi, bien que frugal n'était pas passé et avait été rendu à la nature par la fenêtre. Sur le coup, l'homme avait cru être libéré de ce malaise, mais le sensations n'en furent que pires une fois le ventre vide.
Il passa la tête par la fenêtre pour interroger le cocher d'une voix suppliante :
Olà Cocher ! Le domaine de Ciel est-il encore fort distant ?
Pour toute réponse, il entendit un reniflement gras et vit un doigt tendu vers l'horizon et la colline la plus proche.
Loué sois-tu Seigneur ! S'exclama l'écclésiastique en comprenant que son calvaire touchait à sa fin. Les sabots des chevaux du carosses martelèrent bientôt le pavé de l'entrée de la cour extérieure et la voiture fit halte pour le contrôle de la garde. Sans attendre, Gedeon s'échappa de ce détestable moyen de transport pour retrouver soulagé la terre ferme. Il prit plusieurs inspirations d'air frais à plein poumons pour retrouver contenance pendant que le cocher déclarait à la garde :
V'là Monseigneur d'la Motte Joss'rand, l'est évesque d'Orléans.