Arrivée des oiseaux

Cayai arriva en fin d apres midi a Ciel. Sans prendre le temps de faire un tour par sa chambre, elle se dirigea vers la voliere pour y installer ce qu elle avait ramené de Dijon.

Il y avait une dizaine de perchoir, dix gants de cuir, des besaces ainsi que des accessoires d entrainement.

Puis, elle libera les oiseaux.

Il y a l aigle royal de 1 an, Thibalt



Le vautour moine de 2 ans, Tok



La faucon pelerin de 6 mois, Thallis




Le milan noir de 1 an et demi, Lord.




C etait tous des oiseaux deja dressés, ce qui lui facilitait la tache pour commencer, mais le marchand lui avait assurer que les prochains petits qu il aurait serait pour elle. cela lui laissait le temps de se faire la main.

Le moral de la jeune femme etait au plus bas mais la compagnie de ses oiseaux la rassurait. Un par un, elle les contempla, les caressa, les apprivoisa mais resta incapable de sortir pour l instant.

La jeune fauconniere chercha dans le regard du Baron la cause de ses souffrances mais ceux ci ne refletaient que douceur.
Lorsqu il posa sa main sur la sienne, elle sentit en lui la protection d un frere, d un pere, la sensation si rare des intentions d un homme qui ne sont guere belliqueuse.
Elle se détendit, pour la premiere fois en sa compagnie.

J espere votre prompt guerison, Messire, confia t elle a voix basse.

Mais vous même semblez fort préoccupée... J'ai déjà vu des personnes sursautées comme vous, en général ce n'était pas bon signe. Etes vous sûre que vous êtes en paix Damoiselle ?

Cayai tenta de detourner le regard soutenu de Gaborn mais n y parvint pas. La glace qui lui oppressait le coeur et les poumons se raffermit d avantage. Elle hesitait a se confier.

Ciel est un havre de paix où rien de mal ne saurait poursuivre ceux qui font confiance à ces terres...

Cayai baissa les yeux puis jeta un regard a ses oiseaux.

Il y a bien un mal qui me poursuit de l exterieur. Il me traque, me poursuit.
Elle plongea ses yeux verts dans ceux du baron.
Je me sais en securité Monsieur, je ne doute pas de la duchesse, ni de vous. Le mal qui me tourmente me vient de l interieur...

Elle baissa les yeux un instant, posant ses mains sur son bas ventre, avant de bredouiller.

Ne me jugez pas.

La jeune fauconniere croisa son regard. Elle l'observa sans repondre, scrutant ses yeux pour juger la cause de sa faiblesse, en vain.

Quelque peu mal a l aise a l idée de lui raconter toute son histoire, elle hesita un instant, songeant que, grace a Djemilée, tout serait rapidement oublier.
Derriere elle, l'aigle lacha un petit cri qui detourna leur attention. Elle saisit cette echapatoire au vol et se tourna vers son oiseau. Tandis qu elle observait le royal animal, elle demanda.

Vous vouliez m entretenir je crois. De quoi s'agit-il?

Elle se retouna face a l homme et sourit.

Je doute que ce soit pour me parler de mes glorieux antecedants. Puis je vous presenter nos nouveaux invités?

Elle fit un pas en arriere et se dirigea vers un coffrre en bois dans lequel elle avait rangé ses accessoires. Elle en resortit deux gants de cuir et une sacoche.

Voulez vous essayer? demanda t elle en lui tendant un gant.

Gaborn la regarda quelques instant. Elle préférait le silence, ma foi, il ne la forcerais pas à parler. Simplement il esperait qu'elle saurait venir le trouver en cas de besoin...

Il se tourna vers les oiseaux et dit

Oui je voulais m'entretenir avec vous... Je n'ai jamais eu la chance d'apprendre à me "servir" d'un oiseau tel que ceux ici... Et j'aurais aimé apprendre rajouta Gaborn sans fausse pudeur.Mon rang m'y oblige et soyons honnete j'en ai envie.

Son regard se dirigea jusqu'au milan noir et ne le quitta plus. Il dit doucement

j'aimerais apprivoiser celui ci... pensez vous que ce soit possible ?

Cayai lui adressa un regard plein de tendresse et de gratitude, voyant qu il n insistait pas. Lorsqu il lui demanda de lui apprendre l art de la fauconnerie, Cayai eut un leger ressentiment. Elle connaissait encore bien peu ses oiseaux et n etait pas sur d etre capable de lui apprendre. Neanmoins, flattée, elle hocha la tete tandis qu il parlait.

Avec plaisir Messire! J ai besoin de me refaire la main mais je vous apprendrai tout ce que je sais.

Elle vit le regard du baron se fixer sur le Milan Noir et eut un sourire espiegle. Elle s approcha de l oiseaux et, munie d un gant, le fit monter sur son poignet. Lorsqu il eut consenti, apres quelques battement d aile desapprobateur, il obtempera. La chaine qui le reliait a son pied d estale glissa entre les doigts de la fauconniere qui s en empara avant de detacher l extremité de la barre en bois. Puis, elle se tourna vers Gaborn.

Il est d une grande beauté mais d une rare vivacité. Votre choix se porte sur le plus beau, certes mais pas sur le plus docile. J ai eu l occasion de mettre a l epreuve son caractere.

Elle remonta sa chemise sur son avant bras et le presenta au baron. Il etait lacéré d une longue cicatrice qui ne paraissait pas avoir plus de quelques jours.

Mais je dois dire qu il m a charmé, malgré cela. C est pour ca que je l ai pris.

La fauconniere observa le baron et vit une etincelle dans ses yeux, attiré par l oiseau. Dans leur noblesse, ils se ressemblaient, ils se reconnaissaient. Cayai tendit le gant supplementaire a Gaborn et attendit qu il le mette pour lui passer l oiseau. Il ne choississait pas des moindres.
L oiseau poussa un petit cri strident, sans lacher Gaborn des yeux. Le maitre des lieux avait jeter un oeil a l entaille qu elle portait au bras mais ne semblait pas s en formaliser. Elle meme savait qu elle avait choisi ce milan pour sa vivacité et son esprit encore sauvage. Elle savait que cet oiseau ne serait pas dompté, que si elle désirait en faire queques choses, ce serait en le traitant en egal.

Il se nomme Lord.

Gaborn mit le gant de cuir, il n’espérait qu’une chose, que ce n’était pas trop maladroitement. Il aimait la sensation de cette protection sur sa main. Il sourit à la jeune femme quand elle lui tendit l'oiseau. Il ne connaissait pas sa race, il savait juste qu'il était magnifique, simplement.

L'oiseau battit légèrement des ailes en changeant de main et il resta immobile contemplant le baron.

Lord, répéta Gaborn doucement, Lord...

L'oiseau poussa un cri léger et battit des ailes. Gaborn resserra instinctivement sa prise sur la lanière de l'oiseau, et la tête du rapace plongea vers sa main, cherchant à le piquer.

Tout doux, tout doux mon beau Lord... Reste calme... Il sentait le bec entrer en contact avec le cuir, les yeux de l'oiseau lançaient des éclairs.
N'aie pas peur ne cessait de se répéter Gaborn, n'aie pas peur de lui.
Il parla doucement à l'oiseau qui peu à peu se calma. La tension de Gaborn diminua à mesure qu'il se calmait et que sa main laissait un peu plus de mou à la lanière. Il restait sur ces gardes, il sentait l'énergie de l'animal qui l'électrisait, passait dans son corps tout entier. Il sourit et croisa le regard de la jeune femme.

C'est un animal royal à tout le moins. De quelle race est il ?

La fauconniere passa l oiseau a Gaborn. Il resta doux mais sur ses gardes. Calme, serein, ou du moins le paraissait il. Cayai sourit, ravie que son élève soit deja aussi doué.
En les observant, elle pensa que ce devait etre un homme instinctif, vu ses reactions. En fait, elle l avait senti depuis le debut de leur entrevue.
La situation lui fit oublier completement la discussion peu avant. Le vautour poussa un petit cri, indiquant sa presence au milieu de toute l attention sur Lord. La jeune femme se retourna vers lui et sourit.


C'est un animal royal à tout le moins. De quelle race est il ?

Cayai croisa le regard du baron.

C est un milan noir, c est un oiseau vif, le regard percant. parfait pour la chasse.

Elle efleura de son gant le plumage de l oiseau.

Royal, a n en point douter...

Elle releva les yeux vers Gaborn et lacha, sans vraiment sans rendre compte:

C est qu il vous ressemble...

Cayai se figea soudainement, se rendant compte de se qu elle avait dit et qui pourrait etre mal interpreter. Elle fit un pas en arriere et se confondit en excuse.

Oh, excusez moi... c est ... ne croyez pas... enfin... ne prenez pas mes propos pour des avances Messire! C est que vous avez la meme... prestence...

Elle se mordit la levre inferieure et decida qu il etait preferable de se taire...

Cayai sourit a la reponse du baron et se tut. Elle les regarda un moment puis se dirigea vers le faucon pelerin qu elle fit monter sur sa main. Apres cela, elle se saisit d une besace de cuir et d un petit sac de jute avant de se tourner vers Gaborn.

Je vous propose une demonstration, qu en dites vous? Le faucon est particulierement docile. En revanche, laissons Lord ici, je n ai pas toute sa confiance encore...

Elle lui sourit en attendant sa reponse.

Gaborn hocha la tete. Oui, vous avez raison. Il rit doucement
Et puis c'est vous la maitresse fauconnière et non pas moi.

Il se dirigea à pas lents vers le perchoir et y déposa Lord.

comment dois je l'attacher ?

La jeune fauconniere lui sourit et lui montra le systeme de fixation puis se dirigea vers la porte d entrer, son faucon perché sur son bras gauche. Elle descendit les marches et prit la direction des jardins.
En chemin, elle expliqua au baron ce qu ils allaient faire.

Uniquement un exercice d echange. Il passera de vous a moi, nous l appaterons par un morceau de viande, sa recompense. Puis, je vous montrerai un exercice bien plus impressionnant.